Meurtres au Lone Star Café, de Kinky Friedman

Publié le par François

Question n°1 : connaissez-vous Kinky Friedman ?

- oui : allez directement à la question n°2.

- non : Kinky Friedman est un musicien de country iconoclaste. Il a démarré sa carrière dans les années 70 et a composé bon nombre de chansons provocantes et irrévérencieuses ; sur l'anti-sémitisme, par exemple ("they ain't making like Jesus anymore"/"des Juifs comme Jésus, on n'en fait plus")... Dans le milieu country, on le compare volontiers à Frank Zappa... Après une carrière bien remplie, il s'est tourné vers l'écriture d'articles dans la presse rock spécialisée (Rolling Stone), et de romans policiers, dans les années 80 [merci Allmusic].

 

Question n°2 : connaissez-vous Hank Williams ?

- oui : allez directement à la chronique.

- non : Hank Williams est une icône de la country. Mort à 29 ans le soir du réveillon de 1952, on peut dire qu'il a brulé la chandelle par les deux bouts. Forte personnalité, il est aussi compositeur et interprète profond. Malgré une réputation de coureur de jupon et de buveur invétéré, la conservatrice Nashville lui ouvre les portes du Grand Ole Opry, le temple de la country... il aura 6 rappels, ce qui selon mes sources (Kinky Friedman) n'a pas été réédité à ce jour.

La chronique : Meurtres au Lone Star Café met en scène à la fois Kinky Friedman ET Hank Williams. En effet Kinky Friedman se met lui-même en scène : il a plus ou moins arrêté la musique pour devenir plus ou moins détective privé ; il passe son temps à fumer des cigares et à boire des alcools forts dans différents bars de New York, ce qui fait de ce roman un excellent guide de la vie nocturne new-yorkaise.

On serait bien en peine de séparer ce qui relève de la fiction et de la réalité dans ce roman, mais on y croise des musiciens qui existent dans la vraie vie (Corky Laing, les Burrito Brothers), et le Lone Star est un véritable club de la grosse pomme, qui a accueilli tous les plus grands musiciens, de rock, jazz et country.

Et Hank Williams, dans tout ça, me direz-vous ? j'y viens, j'y viens... un tueur en série a pris la mauvaise habitude de tuer des musiciens de country, leur envoyant au préalable une chanson d'Hank Williams qui explicite plus ou moins le mode opératoire du meurtre...

Kinky Friedman, entre deux cigares, deux cuites, deux Judy (comprendra qui lira), mène l'enquête en compagnie de son fidèle Ratso... des histoires de serial killer, on en a écrit des milliers, mais peu d'écrivains ont l'humour et la verve de Kinky Friedman. A chaque page, une réflexion, une saillie vous fait éclater de rire. Les dialogues sont tendus, drôles, avec un fond de désabusement qui donne de l'épaisseur au personnage.

Peu importe qu'on ne comprenne pas toujours les références musicales ou celles à la culture américaine... il y a de l'électricité dans l'air tout au long de ces pages... à lire, en écoutant du Hank Williams, of course !

 

A lire : Meurtres au Lone Star Café, de Kinky Friedman, traduit de l'américain par Franck Reichert, Rivages/Noir, 1997, 236 pages

Publié dans Littérature

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