Tribulations d'un précaire, de Iain Levison
Le polar qui a révélé Iain Levison, Un petit boulot (cf. ma chronique, ici), était déjà marqué par un certaine critique sociale, voire même un critique sociale certaine... Il nous revient avec un récit autobiographique, Tribulations d'un précaire, qui enfonce le clou.
Iain Levison nous raconte en effet sa lutte quasi quotidienne pour garder la tête hors de l'eau, pour ne pas basculer dans la misère. Mais quelle idée a-t-il eu de se lancer dans des études de lettres ?! même en France, c'est difficile de s'en sortir*, alors au pays du libéralisme triomphant...
Une licence en poche, mais 12 000 dollars de dettes avec, il déchante vite : les chasseurs de tête ne sont absolument pas intéressés par le titulaire d'un tel diplôme, et peu à peu il est obligé d'accepter ce qu'on appelle des petits boulots, qui vont s'enchaîner à un rythme éffrené.
Il décrit de manière très précise les mécanismes à l'oeuvre dans le monde des précaires : les petites annonces alléchantes qui ne sont là que pour vous purger de vos derniers dollars, sous prétexte de formation préalable ; les petites lignes dans les contrats ; ces boulots qui occasionnent plus de frais que de gains ; les patrons qui font jouer la concurrence entre les employés, en fixant des salaires tous différents ; la solitude que la précarité implique.
En 180 pages, il aura le temps de nous parler de ses expériences de poissonnier, déménageur, exposant d'oeuvre d'art, livreur de fuel, câbleur informatique, serveur dans une soirée en plein air, sous la neige (!), mais il y a surtout ces passages abominables en Alaska, dans une usine de crabe et sur un bateau. Dans ces passages, Iain Levison va jusqu'au bout de lui-même, de même que ses co-forçats.
Mais le tout est narré avec une telle ironie, un sens de l'humour toujours présent et un sens de la dignité qui font qu'on ne tombe jamais dans le misérabilisme. On ne peut être qu'admiratif devant l'opiniâtreté et la persévérance de Iain Levison, qui n'est qu'un sans grade parmi quelques millions Outre-Atlantique... et il paraîtrait que c'est notre modèle, en tout cas celui de notre cher président... un livre à lire d'urgence, donc : pas de solution miracle, mais le bouche à oreille permettra peut-être d'ouvrir les yeux de certains sur les vertus du capitalisme...
A lire : Tribulations d'un précaire, de Iain Levison, traduit par Fanchita Gonzalez Battle, éditions Éditions Liana Levi, 2007, 187 pages, 16 €.
* aucune attaque contre les littéraires dans mes propos : j'ai moi-même une licence de lettres (et même un peu plus), et trouver un boulot n'a pas été facile...
Iain Levison nous raconte en effet sa lutte quasi quotidienne pour garder la tête hors de l'eau, pour ne pas basculer dans la misère. Mais quelle idée a-t-il eu de se lancer dans des études de lettres ?! même en France, c'est difficile de s'en sortir*, alors au pays du libéralisme triomphant...
Une licence en poche, mais 12 000 dollars de dettes avec, il déchante vite : les chasseurs de tête ne sont absolument pas intéressés par le titulaire d'un tel diplôme, et peu à peu il est obligé d'accepter ce qu'on appelle des petits boulots, qui vont s'enchaîner à un rythme éffrené.
Il décrit de manière très précise les mécanismes à l'oeuvre dans le monde des précaires : les petites annonces alléchantes qui ne sont là que pour vous purger de vos derniers dollars, sous prétexte de formation préalable ; les petites lignes dans les contrats ; ces boulots qui occasionnent plus de frais que de gains ; les patrons qui font jouer la concurrence entre les employés, en fixant des salaires tous différents ; la solitude que la précarité implique.
En 180 pages, il aura le temps de nous parler de ses expériences de poissonnier, déménageur, exposant d'oeuvre d'art, livreur de fuel, câbleur informatique, serveur dans une soirée en plein air, sous la neige (!), mais il y a surtout ces passages abominables en Alaska, dans une usine de crabe et sur un bateau. Dans ces passages, Iain Levison va jusqu'au bout de lui-même, de même que ses co-forçats.
Mais le tout est narré avec une telle ironie, un sens de l'humour toujours présent et un sens de la dignité qui font qu'on ne tombe jamais dans le misérabilisme. On ne peut être qu'admiratif devant l'opiniâtreté et la persévérance de Iain Levison, qui n'est qu'un sans grade parmi quelques millions Outre-Atlantique... et il paraîtrait que c'est notre modèle, en tout cas celui de notre cher président... un livre à lire d'urgence, donc : pas de solution miracle, mais le bouche à oreille permettra peut-être d'ouvrir les yeux de certains sur les vertus du capitalisme...
A lire : Tribulations d'un précaire, de Iain Levison, traduit par Fanchita Gonzalez Battle, éditions Éditions Liana Levi, 2007, 187 pages, 16 €.
* aucune attaque contre les littéraires dans mes propos : j'ai moi-même une licence de lettres (et même un peu plus), et trouver un boulot n'a pas été facile...