Concert de Jacques Schwartz-Bart et Roy Ayers, au Diapason, à Rennes, le 21/03/07

Publié le par François

Le mercredi 21 mars avait lieu au Diapason, la salle de spectacle de l?Université Rennes I une soirée jazz-funk. Après des débuts hésitants, la salle s'est peu à peu remplie.
La première partie était assurée par le groupe du saxophoniste d'origine guadeloupéenne Jacques Schwartz-Bart, que j'avais eu la chance de voir en 2004 au sein du RH Factor de Roy Hargrove, à Marciac. Comme il l'a dit lui même en début de concert, sa musique est nourrie de jazz, de soul, de funk et de musiques créoles. C'est plus ce dernier aspect qui a été exploré lors de ce concert par les six musiciens.
Le concert s'est ouvert par le titre qui ouvre l'album de Jacques Schwartz-Bart, "Papalé", rythmé, sur lequel s'est illustré d'entrée le pianiste Mario Canonge, dans un style énergique proche du latin jazz.
 
Puis "Love", une très belle ballade sur laquelle on a pu apprécié le son chaleureux de Jacques Schwartz-Bart, ses influences soul ainsi qu'à nouveau les talents de Mario Canonge, pianiste martiniquais au style très varié.
Sur "Toumblak", ce sont les percussionnistes qui se sont particulièrement illustré : Sonny Troupé au marqueur et Olivier Juste au boula. Tout au long du concert, Jacques Schwartz-Bart nous distillera des informations sur le style antillais "gwo ka" : fondé sur 7 rythmes fondamentaux ("Toumblak" est un de ces 7 rythmes, par exemple), le morceau suivant un padjanbel. Le marqueur est là pour guider le danseur ou le soliste car il marque les accents, pendant que le boularien (joueur de boula) a pour rôle de rappeler les rythmes fondateurs.
Le morceau suivant, "Ascent" a débuté par une longue et belle intro en solo de Jacques Schwartz-Bart, sur laquelle on entendait le souffle du saxophoniste, puis le morceau s'est poursuivi aux rythme lancinant des percussions, enjolivé par les accords au piano électrique au don chaud, ce tapis de velours ayant permis à Hervé Samb, guitariste d'origine sénégalaise, de poser un solo tout en finesse. Le sixième titre plein de brisures, a permis de vérifier la complicité entre le saxophoniste et le guitariste, ceux-ci jouant plusieurs phrases à l'unisson. Après un morceau plus lent, le concert s'est clos par "Soné ka-la".
Un très bon concert, auquel il manquait sans doute un peu de rôdage : les musiciens restaient un peu collés à leurs partitions, notamment le bassiste Reggie Washington, pourtant musicien aguerri passé chez Roy Hargrove, Meshell N'degeocello, Steve Coleman.
En tout cas je n'ai pas ressenti la folie furieuse du concert de David Murray & the Gwo Ka Masters en 2005 à l'Ubu à Rennes, qui explorait le même territoire : il y avait quelque chose de plus viscéral, d'habité et de sauvage dans la musique du groupe de David Murray, même si Jacques Schwartz-Bart sait pousser son propre saxophone dans ses retranchements. Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'Hervé Samb a joué dans les deux formations...
Il est aussi dommage que Jacques Schwartz-Bart se soit senti obligé de faire un dithyrambe un peu pontifiant sur chacun des musiciens : ça a cassé le rythme du concert, et à l'écouter on avait l'impression d'avoir sous les yeux le plus grand groupe du monde... Bref, un bon concert auquel il manquait le petit quelque chose pour vraiment décoller.
 

 

Après une courte pause, est arrivé sur scène le groupe de Roy Ayers. Ne connaissant le personnage que de réputation, j'étais assez ouvert sur la musique qu'il pouvait nous distiller et j'ai été plutôt déçu... du jazz-funk d'accord, mais avec des musiciens démonstratifs et cabotins, qui en plus n'avaient pas tous les moyens de leur cabotinage.
Roy Ayers, bien que sur le devant de la scène, était plutôt en retrait, distillant quelques soli de vibraphone pas vraiment inspirés. Le batteur m'a semblé plutôt pas mal, pendant que le guitariste, excellent rythmicien, s'est avéré être un soliste médiocre : la plupart de ses notes accrochaient, tout était brouillon, mais le public semble avoir apprécié, alors... seul le clavier - saxophoniste - chanteur s'en est plutôt pas mal sorti, assumant son cabotinage au sax alto dans un style fougueux et muni d'une belle voix.
Quant au répertoire, il a largement été pioché dans les hits de Roy Ayers ("Evolution", "No strangers..."), avec des clins d'oeil appuyés à Curtis Mayfield, Ray Charles, James Brown, Dizzy Gillespie... que des valeurs sûres...
A la décharge de Roy Ayers, on peut lui accorder qu'il n'a plus rien à prouver, qu'il a un bon sens de l'humour ("je remercie vos parents, et même vos grands-parents d?avoir acheté mes disques !") et le fait que mon carrosse devant se transformer en citrouille à Minuit, je n"ai vu que 40 minutes de ce concert...

 
A écouter : Soné ka-la, de Jacques Schwartz-Bart (Emarcy, 2006)
Site officiel : http://www.brotherjacques.com

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